Assis sur une chaise, un tablier au cou, Komi dépose des chaussures déjà collées sur une planche et à l’aide d’un marteau, y enfonce soigneusement les clous. Ces chaussures confectionnées de peaux de bêtes, du genre masculin et de taille 42 sont livrées à un boss. Sur le visage de ce dernier, se lit un sentiment de satisfaction après les avoir essayées. Très comblé, il paie à Komi et lui demande de garder le reliquat. Qui est Komi, ce jeune cordonnier qui a pu émouvoir son client ?
Komi fait partie de ces jeunes de Kpalimé qui ont pu tirer de leurs côtés, les avantages que renferme la mission de Volontariat d’Engagement Citoyen (VEC). Avec ses allocations de mission, il a ouvert son atelier à 100m de la route de Misahohoè. Cet atelier fait en claie, est collé au mur du Collège protestant. C’est la meilleure des choses qui lui soit arrivée dans la vie.
Une enfance indigente
Komi, bien qu’il soit le fils ainé de ses parents, n’a pas eu une enfance épanouie. Loin de son père qui a fondé sa famille avec une autre femme, il a grandi avec sa maman. Malgré le désir de celle-ci de vouloir à tout prix faire de lui un cadre de demain, il s’est arrêté en classe de CE2 faute de moyens financiers. Récupéré par sa tante maternelle qui lui a promis de le mettre en apprentissage, il a fallu à Komi plusieurs années avant que cela ne se réalise.
Plusieurs années se sont écoulées mais Komi retrace ses épisodes comme c’était hier. D’un air triste, il raconte ses mésaventures de l’enfance avec une douleur dans la gorge. Le son de sa voix et ses yeux qui rougissent trahissent son émotion. ‘’Je n’aime pas me rappeler de mon enfance. Cela me rappelle des souvenirs douloureux.’’ Nous confie-t-il.
Très courageux et persévérant, Komi ne s’est pas apitoyé sur son sort. Il n’est pas du genre qui fait de son passé une fatalité. Ce qui compte pour lui c’est le présent et le futur.
Un nouveau départ
La situation précaire de Komi après son apprentissage ne lui a pas permis d’ouvrir sur le champ son atelier. Avec une table et un banc, il s’est installé sous un arbre dans un quartier périphérique pour exercer son métier. Ce quartier, isolé du centre-ville, ne l’a pas arrangé. C’est à peine qu’il arrive à trouver des clients. Il lui était très difficile de joindre les 2 bouts. Il vivait dans une angoisse totale.
Cette vie misérable qu’a connue Komi au lendemain de son apprentissage prendra fin le jour où il a décidé de rentrer dans le VEC. L’épargne réalisée sur ses allocations de mission lui ont permis d’installer son atelier et d’acheter certains outils de travail. C’est un nouveau départ pour Komi. ‘’Ma vie a complètement changé grâce au VEC. Moi qui auparavant dormais le ventre affamé, arrive aujourd’hui à me prendre en charge. Le volontariat a fait de moi une nouvelle personne. Non seulement, il m’a inculqué de bonnes valeurs citoyennes mais aussi il m’a appris à avoir une confiance en soi. ’’ affirme-t-il.
Très accueillant, les valeurs de volontariat ont permis à Komi de se démarquer de ces concurrents. Ce qui fait de lui un cordonnier de référence.