D’une enfance difficile à une jeunesse remplie d’espoir, Fiacre le « chanceux » de surnom qu’il s’est donné, voit l’avenir sous un jour nouveau, grâce au programme VEC.
Pour lui, s’applique le dicton : « tout ce qui ne tue, rend plus fort » telle est sa devise. Aujourd’hui en apprentissage de cuisine, il espère après sa formation ouvrir et gérer un bar restaurant.
Une enfance et une jeunesse difficiles
Âgé de 25 ans, SAMI Badjima de son nom patronymique, n’a pas eu la chance de vivre une enfance heureuse comme il aurait aimé. A l’âge de 8 ans, il a vécu la séparation douloureuse de ses deux parents. « Cela m’a beaucoup peiné. J’étais un tout petit garçon innocent et je ne mesurais pas l’ampleur des problèmes de couples que traversaient mes parents. C’est dans ma huitième année que tout a basculé. Mes parents divorcèrent. À cette époque nous vécûmes à Lomé. Après quelques mois passés avec ma mère dans notre village natal à Niamtougou, mon père vint me chercher et me ramena avec lui. C’est là que commence pour moi, un calvaire, Si je peux me permettre de le dire ainsi », nous a t-il confié (larmes aux yeux).
Du désespoir à l’espoir
En 2005 et durant les huit années qui se sont suivies, Fiacre les passent dans plusieurs ménages. Vivant avec un papa ayant un déficit psychologique notamment mental, il fût abandonné à son propre sort et perdit de vue son père. En 2013, il abandonne les études en classe de la terminale par manque de moyens financiers. Son entourage le conseille de passer le concours de la gendarmerie. Pour cela, il fallait aussi trouver les moyens pour se faire établir les papiers nécessaires. L’année suivante, il réussit à se faire employer comme homme à tout faire dans les résidences de la caisse. Cela lui permit de survivre et ensuite de trouver les moyens pour se faire établir ses papiers. Ne possédant pas de nationalité et après plusieurs recherches, il retrouve son père mais celui-ci refusa de l’aider à se faire établir la nationalité. « Cette nouvelle déception ne me découragea pas pour autant. Je me retrouve une fois à Niamtougou à la recherche des oncles paternels qui auraient pu m’aider à avoir ma nationalité. Cela a payé cette fois ci et j’ai pu me faire établir la nationalité et ma carte d’identité. »
Le volontariat d’engagement citoyen, une porte vers la concrétisation de ses rêves
Fiacre entre temps avait changé de projet de vie mais il lui fallait réunir un peu d’argent. C’est ainsi qu’il fût enrôlé comme volontaire d’engagement citoyen de la troisième vague à Kara. « Mon objectif était de contribuer à l’amélioration du cadre de vie des communautés qui m’ont accueilli car je vivais chez une tante depuis quelques mois au moment de la mobilisation, mais ensuite après le VEC, je me suis faire former en restauration. Le travail que j’ai eu à faire lorsque je me suis fait employer à la caisse a créé un déclic dans ma tête. Je me suis découvert une passion pour la cuisine ».
Le 07 janvier 2019, Fiacre a signé son contrat d’apprentissage en restauration à l’Hôtel l’Etoile de la Kozah. À trois mois de la fin de son contrat d’apprentissage, c’est un jeune homme toujours confiant qu’on retrouve. « Grâce à mon allocation de fin de mission, j’ai pu signé le contrat et je dirai que c’est une grâce. J’étais leur premier apprenant. Au début le gérant de l’hôtel m’a dit que l’hôtel n’accueille que des stagiaires. Grâce à ma persévérance, il m’a accepté et aujourd’hui, je me fais former par eux. Mon contrat a coûté que 35 000F CFA, chose rare lorsque je me suis renseigné auprès d’autres hôtels. Je m’implique totalement dans mon apprentissage et je développe toutes les valeurs inculquées lors de la mission entre autres, l’humilité, le dévouement, etc. Je sais ce que je veux et donc je m’y donne totalement. ».
L’agent de terrain, qui durant et après la mission ne cesse d’accompagner les volontaires d’engagement citoyen vers la réalisation de leurs projets de vie voit en fiacre, un jeune courageux, téméraire qui ne s’apitoie pas sur son sort mais cherche plutôt à se dépasser.
Très aimé par ses supérieurs. Ces derniers voient en lui, un jeune avec l’envie de réussir. « Toujours joyeux, On sent en lui l’esprit créatif, d’innovation. Il intervient à la fois à la cuisine et dans la salle pour le service. Etant le seul homme parmi les apprenants, je peux dire que l’avenir lui est prometteur. », nous confie BOROMBOZOU Crépin, chef cuisinier à l’hôtel.
Fiacre prévoit après son apprentissage faire des stages dans d’autres hôtels et d’ici la fin de l’année 2020, s’installer à son propre compte en gérant son bar restaurant.