À moins de deux semaines de la fin du mois béni de ramadan, la fête s’annonce déjà dans l’atelier de Mahassé. Reconnue pour son expertise en la matière, elle est acculée par les commandes malgré l’appui de ses 2 apprenties. Cet après-midi, assise sur une chaise, les pieds sur les pédales de sa machine, elle confectionne une robe de tissu Bazin. Vu la couleur blanche du Bazin, elle le manipule soigneusement pour ne pas le tâcher.
Patronne d’atelier de couture, Mahassé a servi sa communauté en tant que volontaire d’engagement citoyen de la phase III à Kpalimé. Son atelier sis au quartier Madjatom est le fruit de son engagement.
Un enfant privé de ses droits
Analphabète, Mahassé n’a jamais mis pied à l’école. Toute petite, bien que ses parents soient en vie, elle a été adoptée par sa tante paternelle. Cette dernière ne l’a pas scolarisée pas à cause de moyens financiers mais par manque de volonté. Privée de son droit à l’éducation en ce moment, elle était condamnée à rester à la maison pour faire les ménages et aider sa tante à préparer les repas pour ses enfants qui revenaient de l’école.
Récupérée par sa maman des années plus-tard, celle-ci l’a mise en apprentissage du métier de couture dame. Avec son niveau d’étude zéro, cela n’a pas été facile pour elle. Néanmoins, elle s’est battue pour s’en sortir grâce à son abnégation et à son expertise dans les coupes. Après 3 ans d’apprentissage, nantie du certificat de fin d’apprentissage, elle s’est mariée et a fondé une famille.
Mahassé bien qu’elle soit mariée et mère de famille, n’a pas abandonné son projet d’ouvrir son atelier. Si elle ne l’a pas fait plutôt cela a pour cause le manque de moyens financiers. Du coup, ayant appris l’existence du volontariat d’engagement citoyen et des avantages qui y vont avec, celle a saisi l’opportunité et s’est faite enrôlée pour des travaux d’intérêt collectif au sein de sa commune.
À présent, très joyeuse d’avoir pu tailler une place dans sa communauté malgré son niveau d’étude, elle nous explique : ‘’La mission des VEC est la meilleure des choses qui puisse arriver dans la vie de nous les jeunes déscolarisés ou non scolarisés. Prenons mon cas, avec mon niveau d’étude et ma situation de mère de famille, quelle activité je peux mener à l’intervalle de 4 mois pour trouver les moyens nécessaires pour ouvrir mon atelier. Mais avec le VEC, cela a été possible grâce aux allocations. Vous ne pouvez pas imaginer la joie qui m’anime à chaque fois que je mets pieds dans mon atelier.’’
Halifa MOUHAMADA