Diplômée d’un CFA en coiffure en 2016, Yawa a vu sa vie se transformer grâce au projet VEC. Elle, qui se voyait patronne d’un atelier de coiffure, avec un grand nombre d’apprenties et de gros marchés de commandes, est devenue plutôt patronne d’un atelier de production et de vente de sacs en nattes modernes à Kara, à la fin de sa mission de VEC.
A 25 ans, Yawa est la 7ème fille d’une famille polygame qui s’est très tôt illustrée dans la fabrication des sacs en nattes. Et pourtant, rien ne prédisposait cette VEC de la phase 2 à Kara de devenir l’une des références dans la fabrication des sacs en nattes modernes.
Des débuts incertains
Faute de moyens, Yawa n’a pas pu ouvrir son atelier de coiffure à la fin de sa formation en 2016. Le désespoir était tellement grand, la peur avait remplacé sa détermination à se faire une place parmi les grandes coiffeuses de la ville de Kara. Et pourtant, Yawa ne s’est pas laissée vaincre par ses craintes.
Ayant eu connaissance du programme de Volontariat d’Engagement Citoyen, elle a saisi sa chance. Pour elle, c’était l’unique chance de se mettre en valeur, de se faire découvrir et de démarrer à partir du kit d’installation promis à la fin de la mission.
« Mon objectif premier, en m’engageant comme VEC à Kara, était de bénéficier du matériel de coiffure pour m’installer à mon propre compte et exercer mon métier. Mais j’ai appris beaucoup plus. En réalité, le projet VEC m’a ouvert les yeux sur les opportunités que j’avais en tant que jeune de Kara de gagner ma vie en dehors du métier de coiffure que j’avais appris. Grâce aux formations que nous avions reçues, j’ai vite fait mon choix et je me suis lancé dans la fabrication des sacs en nattes modernes. Je me suis finalement découvert un talent caché qui, sans ce projet VEC et les formations que nous avions reçues, serait resté aujourd’hui inexploité. »
Entrepreneure, grâce au VEC
Avec l’épargne réalisée sur ses allocations mensuelles, Yawa a suivi une formation accélérée d’une semaine dans le tissage des sacs en nattes. En à peine deux semaines d’apprentissage, la volontaire avait acquis l’adresse et la rapidité nécessaires pour s’attirer les faveurs des clients de Kara et aussi ceux des pays limitrophes du Togo, admiratifs de son travail.
« J’ai vraiment été surprise à mon arrivée lors d’une réunion GEC de voir Yawa fabriquer plus d’une vingtaine de sacs en nattes et de modèles différents. C’est une jeune fille très talentueuse, optimiste et très motivée. Au cours des réunion GEC, c’est son exemple que je donne aux autres membres du groupe qui ne veulent pas oser entreprendre », témoigne Stella NANDJANI, un des agents de terrain sur le projet VEC à Kara.
Avec une rapidité et une créativité captivantes, Yawa a gagné de gros contrats dans la ville et aussi dans les pays voisins comme le bénin, le Niger et le Burkina-Faso. Plus récemment, elle a reçu une commande de 100 sacs de la Guinée.
Grâce à ses bénéfices de la vente des sacs, des prêts dans le GEC et du reste de son allocation, Yawa a construit une pièce pour son salon de coiffure sur une portion de terre que son papa lui a offert et a acheté quelques matériels de travail (rouleaux, seaux, épingles à cheveux etc.) en attendant le kit d’installation. Elle a aujourd’hui 5 apprentis et ambitionne évoluer dans les deux domaines, celui de la coiffure et de la vente des sacs en nattes modernes.
De la vente de ses sacs, Yawa a comme bénéfice le double voire le triple du prix total d’achat du matériel de travail. Cela est dû la plupart du temps aux commandes des pays voisins. Elle expose également ses sacs à sa devanture et se promène avec les jours de marché.
Pendant ces vacances écoulées, la jeune volontaire a organisé des séances de formation à d’autres jeunes démunis de la ville de Kara qui ont voulu s’initier à la matière.
Foussena Koura-Napo