Akata-Dzogbepimé, une localité située à 135 km de la ville de Lomé , dans la préfecture de Kpélé. Nous sommes dans la région des Plateaux, dont le climat est souvent frais une bonne partie de l’année. Nous y avions rencontré un enseignant qui suscite admiration auprès de ses collègues du CEG de la localité. Essonana Karabou y est volontaire national chargé des cours d’histoire et de géographie, mais pas que pour ces matières. Plus q’un enseignant, c’est une référence en matière d’engagement que nous avions rencontrée à Akata-Dzogbépimé dont le parcours force l’admiration de son entourage.
Un volontaire engagé pour la communauté
Dans cette localité, Essonana Karabou enseigne depuis 2011, l’histoire du Togo, l’histoire des peuples africains et des royaumes ainsi que tout ce qui a trait à la géographie physique et des peuples au Togo et en Afrique. Avec passion et amour, Essonana inculque, informe et forme des citoyens de demain et n’hésite pas à combler le manque de professeurs dans certaines matières comme le Français et l’Education civique et morale.
Sorti de l’Université de Lomé en 2011 avec une licence en Géographie, Essonana est rentré dans son village natal à Akata Dzogbépimé pour y passer les vacances et aider sa maman dans les travaux champêtres. Mais le manque de professeurs d’Histoire-Géo dans le CEG a détourné le jeune volontaire de son premier objectif. A la demande du directeur du CEG, Essonana a saisit l’opportunité qu’il lui était offerte de se mettre au service de sa communauté. Il témoigne: “J’avais l’excellente opportunité de me faire une première expérience du monde du travail en acceptant l’offre du directeur. Et même si ce n’était pas rémunéré, cela ne me dérangeait pas du tout. Etant né dans la localité et ayant fréquenté ce CEG, je crois que Dieu m’avait donné l’occasion de remercier le Collège pour m’avoir formé.”
En dehors des cours, Essonana utilise ses heures perdues pour des actions de développement de la communauté. Le volontaire a créé un grand jardin scolaire dans lequel il produit de la tomate et des légumes pour la vente. Les recettes servent à acquérir des équipements sportifs et culturels pour l’établissement.
Avec l’aide de l’ONG SEED, Essonana Karabou a créé un club d’équité-genre qui regroupe les élèves du collège autour des thématiques de santé sexuelle, du VIH-Sida, des grossesses précoces, de l’égalité des sexes, etc… Chaque année, 20 élèves sont formés comme “Pairs éducateurs” qui sensibilisent à leur tour leurs camarades soit au mât, 5 minutes après la montée des couleurs, soit pendant la récréation ou aux heures libres.
Enseignant d’histo-Géo, personne ressource du Collège
Plus anciens des enseignants du CEG de la localité et fils du milieu, Essonana Karabou est souvent consulté par le directeur du CEG pour certaines questions pratiques. Certains parents se confient à lui et font appel à ses conseils et appui dans la résolution de certains problèmes avec leurs enfants élèves du CEG.
Sans doute, c’est son rapport avec sa communauté, cette proximité et cet engagement qui ont finalement créé cette confiance que les populations de Dzogbépimé ont placé en lui. C’est aussi fort de cela qu’il a été nommé Directeur adjoint du CEG, fonction qu’il a exercé pendant 2 années avec professionnalisme et dévouement. “Ce qui m’a marqué ici à Dzogbépimé et qui me pousse à faire encore mieux pour cette communauté, c’est la position qu’on me donne. La plupart des parents qui ont des problèmes avec leurs enfants élèves, se dirigent d’abord vers moi avant de voir le directeur. Ce dernier me fait toujours recours dans la résolution de ces problèmes. Un exemple: les parents d’une élève étaient venus se plaindre parce que la fille a quitté la maison pour aller rester chez un lycéen. Grâce à mon intervention, elle s’est ressaisie et est retournée à la maison”, a t-il confié.
Non content des résultats auxquels il est parvenu en 7 années d’engagement, Essonana Karabou rêve encore plus grand pour sa communauté. Il projette reprendre la culture du Café et Cacao de son feu père et l’étendre sur des hectares avec l’aide de la communauté.
Enseignant volontaire (EV) entre 2011 et 2016, et volontaire national depuis 2016, Essonana Karabou envisage continuer ses activités avec le Collège de la localité, même à la fin de la mission de volontariat qui prend fin dans quelques mois.
MOUHAMADA Halifatou